La sclérose hollywoodienne
Force est de constater que de plus en plus de grosses productions américaines s'arment de couples, de trios, de quatuors (...) de compositeur afin de "mettre en son" leurs films : Le dernier cas le plus flagrant est le film de Chritopher Nolan, "Batman begins" : David Julyan, compositeur attitré du réalisateur s'est vu remplacé par deux pointures de la scène hollywoodienne, Hans Zimmer et James Newton Howard ...
Mais la satisfaction est le plus souvent inversement proportionnelle à la quantité d'artistes travaillant sur le score : une seconde preuve flagrante est le score de "Constantine" de Brian Tyler et Klaus Badelt. Encore une bande originale moyenne, sans grande inventivité, mais restant tout de même relativement efficace sur les images ... On en vient presque à regretter le couple, maintenant séparé, de compositeurs John Powell et Harry Gregson Williams qui avaient travaillé sur les films d'animation "Fourmiz", "Chicken run" et "Shrek", qui eux, avaient fourni un travail excellent, aux vues du résultat final.
Ce qui saute également aux yeux est la mainmise systématique du groupe "Media Ventures", dominé par Hans Zimmer (tiens encore lui) et dont les acolytes (Klaus Badelt, Travor Rabin, John Powell, Harry Gregson Williams, Nick Glennie Smith ...) copient le style : ce sont eux qui sont en grande partie responsables de cette sclérose, même si certaines de leurs B.O.'s restent correctes.
On assiste également à des limogeages sauvages au seins de ces mêmes grosses productions : prendre les attentes du public à contre pied en matière de musiques de films, Hollywood sait le faire (Howard Shore travaillant sur la trilogie du "Seigneur des anneaux" par exemple ...), mais Hollywood sait aussi se "planter". Pourquoi avoir remplacé l'excellente partition de Gabriel Yared pour "Troy" au profit de James Horner qui n'a pas produit une bonne B.O. depuis bien des années, ou encore pourquoi sacrifier la sensibilité de Michael Danna pour "Hulk" au profit de Danny Elfman, décidément "abonné" aux productions comics !... Mystère ... la seule certitude, c'est que tout ceci ne produit de rien de bien excellent et la descente aux enfers de la musique de films américaine ne fait que continuer ...
On souhaiterait bien sûr voir pus souvent des compositeurs peu utlisés comme Philip Glass, Trevor Jones, ou encore Gabriel Yared, Michael Danna, déjà cités plus haut. Certains compositeurs européens ont tenté et tentent toujours leur chance : ce fut le cas de Georges Delerue, Alexandre Desplat semble suivre ses pas, avec un certain punch et rafinement. Le compositeur français, auteur de l'excellente B.O. de "Nid de guêpes, a travaillé plusieurs fois ces derniers temps avec les productions américaines : "La jeune fille à la perle" et plus récemment "Otages" (Franco-américain ?) en sont les exemples les plus flagrants et apportent un nouveau souffle au paysage musical d'un des plus gros producteurs de films du monde ...
Le salut viendrait-il du vieux continent ?